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Si vivants

by Kouzy Larsen

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1.
L'ombre 03:08
L’ombre ---------- C’était au temps où passé une heure du mat, Bruxelles se vidait des voitures. Il rentrait chez lui à pattes En prenant bien soin d’éviter la pt’ite ceinture. À travers le coton épais, la lune peinait À faire valoir son halo. Peu fier dans la bise, avec ce froid qui pique Et qui dilue l’alcool comme un salaud. Mais soudain à quelques mètres devant lui, Il est pourtant seul dans la nuit. Une ombre, une ombre, une ombre. Elle était digne d’un roman fantastique D’Edgard Allan Poe. Mouvante, gracieuse et hypnotique, Elle dessinait au sol une danse vaudou. Venue d’ailleurs ou de nulle part, Ombre de rien, chimère qui tient chaud. Fallait le voir le lendemain Dire à tout l’monde Que plus rien ne s’rait aussi beau. Ça doit faire vingt ans au moins aujourd’hui, Qu’il la cherche toutes les nuits. Cette ombre, cette ombre, cette ombre.
2.
Si vivants 07:31
Si vivants ------------- Sous la porte la lumière clignote, Un nuage de fumée enveloppe ce rencard. L’hôtel ne payait pas de mine de jour Mais la nuit exagère ses défauts Que je comptabilise minutieusemant un à un. J’ peux pas dormir. J’ai comme un courant d’air dans la tête, La mémoire percée, Comme un courant d’air dans la tête, Mémoire percée. Les lignes de ma main ne me racontent plus d’ histoires Mais cette fois je m’en contrefous. J’ai rien d’mieux à faire dans cette chambre que t’attendre, Que t’attendre, que t’attendre, que t’attendre, Que t’attendre, que t’attendre... Bien sûr que j’ai beaucoup bu, Bien sûr que je t’attends, Bien sûr que j’ai beaucoup bu, allez enfin voyons. Mais je ne t’attends pas armé d’une ceinture. J’entends des portes qui claquent en bas Et je n’me sens plus marcher droit, Je titube Je titube Je titube. Tes fous rires sont ailleurs. Ils éclatent là- bas et éclaboussent de joie. Ta voix haut perchée attrape sans doute une rengaine Et moi j’embrasse mon traversin comme l’autre jour ton linceul. Je remercie les morts qui m’ont donné goût aux rituels ! Ce soir j’aurais pu te faire une petite danse Ou le grand tour de carrousel. Tremblant, suant j’aurais fini à genoux. Mais J’préfèrerais prier demain, j’préfèrerais prier demain J’préfèrerais prier demain, prier demain, prier demain. C’est rare qu’on aime quand quelqu’un claque. Mais dans les ciels nocturnes, au-dessus des villes On astique plus souvent encore les rares brillants, Affolés que nous sommes de voir leur lueur se ternir Se ternir, se ternir, se ternir, se ternir. Mais c’est comme ça il y a plus rien d’autre à foutre. Si j’avais eu 50 balais de plus, On aurait été amants. Un demi-siècle de plus Et on aurait baisé, ouais. Chair de ma chair, Sang de mon sang, Si j’mens, j’vais en enfer Et j’y grincerai des dents. Les bouteilles sont vides et les néons fatigués D’avoir cliqueté toute la nuit. La lueur de l’aube a donc pris leur place, Ton anniversaire se termine sans casse Et pour une année encore je me console avec ta phrase... Si vivants et qu’importe le reste.
3.
Cameraman 04:23
Cameraman --------------- Tes cuisses délices se languissent. La soie sur ton velours fronce et plisse. Sous la lunette braquée de mon téléscope, Ils glissent sur toi les fils de Pénélope. Cameraman Cameraman Je suis ton cameraman et je ferai tout ce que tu veux Si tu me donnes un peu de toi. Ma pupille s’envole sur des éclairs de lumière Quand tu danses ta partie de jambes en l’air. À 35 mm de là, j’attendrai l’instant ou l’extase intense s’emparera de toi. Rien ne t’arrête, Tu sais où tu vas. J’n’ai aucune emprise sur toi et ça se voit Mais si tu me laisses t’approcher encore un peu Ta liberté rayonnera dans tous les cinémas, ouais. Je suis ton cameraman et je ferai tout ce que tu veux Si tu me donnes un peu de toi. La bretelle de ton caraco, Soufflée par ce sirocco, Repose nonchalamment sur ton épaule. Tu as le souci du détail, les cheveux en bataille. Tes ondulations écrivent une ode au plaisir. De la pointe de ta plume, tu taquines hommes et femmes. Personne ne résiste quand tu t’enflammes. Faisons de toi une star des seventies. Je te promets de ne prendre que le reflet de ton corps en guise de royalties. Faisons de toi une idole des seventies. Je ne prendrai que le reflet de ton corps, ouais. Je suis ton cameraman et je ferai tout ce que tu veux Si tu me donnes un peu de toi.
4.
Checkpoint 04:43
Checkpoint -------------- Il nourrit depuis toujours les oiseaux de fer. Sur le tarmac par tous les temps, il s’affaire. Il lance ses colis comme des miettes de pains. Jos est bagagiste à Zaventem. En 35 ans, il ne s’était jamais plaint. Porter selon lui : « ça n’peut que faire du bien ! » Et il a le luxe aussi de pouvoir prendre ses pauses assis, Sur des tas de Delsey et de Samsonite. Mais il ne supporte plus la vue de ces voyageurs gratuits Qu’on escorte poings liés, bâillonés, humiliés après les avoir enfermés Dans cette prison honteuse de Steenokerzeel. Non, il n’supporte plus d’être là, d’être belge et de n’pas savoir quoi faire Sur son tas de Delsey et de Samsonite. Ça fait 15 ans que ça dure et Jos est devenu kérozénophile. Après chaque vision d’horreur, Il se glisse sous les carlingues et prend son snif. Alors hagard, il se souvient de Berlin en 89 Et rêve qu’il téléphone à tous les gardiens de guérite Pour déclarer un lever de barrière universel. Allo allo checkpoint, allo Charlie checkpoint. Allo allo checkpoint, au Kalindia checkpoint. Allo allo checkpoint, Tijuana checkpoint. Quand les vapeurs de kérosène se dissipent, C’est la descente qui commence. Et il revoit par milliers les noyés de la Méditerranée. Il les voit survolés par les hélicoptères charognards du Frontex Qui rôdent encore et toujours, qui rôdent tels les vautours de l’Europe. Alors se fige sur son visage un sourire rictus et il attend. Il attend le jour où les delhaizes pillés depuis longtemps seront désertés. Il attend le jour où il faudra graisser la patte à un milicien de l’Otan Pour sortir de Bruxelles et sillonner de nuit les campagnes. Il attend ce jour où il devra passer vite entre les mailles du filet D’un dictateur flamand pour prendre le large depuis la plage d’Ostende. Sur son embarcation de fortune, il va cabotant tant bien que mal Le long des côtes françaises et puis espagnoles embrasées par les guerres civiles. Son sourire rictus toujours figé sur son visage, il dérive jusqu’au grand sud. Et il se voit parmi les plus chanceux qui atteindront Tanger, Porte de l’espoir vers une Afrique devenue plus clémente. Sur les chantiers et au fond les mines, il s’entend chanter : « Adieu adieu checkpoint adieu Charlie checkpoint. Adieu adieu checkpoint et Kalindia checkpoint. Adieu adieu checkpoint Tijuana checkpoint. Adieu adieu checkpoint »
5.
Sous les voiles ------------------ Sous le voile de poussières accumulées Par des siècles de croyances, Par plus de deux millénaires de prières murmurées, De murmures gaspillés. Sous ce voile de poussières, la pensée, Balbutiante, suffocante encore, tel un nouveau né, Barbotte en s’étouffant dans sa baignoire amniotique. Comme d’autres l’ont fait depuis longtemps, Entre les dieux et le vin, j’ai choisi le vin. Entre les dieux et la chair, j’ai choisi la chair. Comme d’autres l’ont fait depuis longtemps, Entre les dieux et le pouvoir, je renonce aux deux, les dieux et le pouvoir depuis longtemps se prêtent serment. Et pourtant, pourtant, sur ce rythme qui balance, Mes rêves boitent jusqu’à Téhéran. Sous le voile de mes certitudes, J’arpente les boulevards peuplés du Caire. Mon regard imbécile craignant d’être voyeur, Posé sur la pointe de mes chaussures. Évitant comme je le pouvais de me heurter Aux vendeurs de fèves. Évitant à tout prix d’offenser du regard Les femmes qui me croisaient. Sous le voile de mes certitudes, Je n’étais pas préparé à lever mon regard imbécile, Prenant à la lettre leurs foulards colorés Pour des remparts sacrés. Mais leurs petits rires nerveux et leurs gloussements Me tirèrent par l’oreille jusqu’à me faire relever le menton. Accueillant leurs regards insistants posés depuis longtemps sur mon être Étranger, nomade, blond et solitaire, Je me sentis léger. Je me sentis léger comme leurs voiles Qu’aussitôt en pensée curieuse comme les leurs J’ôtai avec lenteur. Je me sentis léger comme leurs voiles Qu’aussitôt en pensée curieuse comme les leurs J’ôtai avec la lenteur d’un jasmin qui s’ouvre un soir d’été. Sous le voile du smog, j’entends Les clapotis du soleil qui miroitent sur le Nil. Sous le voile de mes découvertes, Je longe les rives du fleuve Et confie à une amie mes idylles platoniques. À nouveau comme un enfant qui barbotte Dans sa baignoire amniotique, Balbutiant, suffocant sous le voile du smog, Je me fais tirer par l’oreille. Sous le seul voile de sa chevelure irakienne, Son visage s’anime : « Il faut sauver les chevilles ! » me dit- elle « Il faut sauver les chevilles ! » « Il faut sauver les chevilles de leurs regards impudiques ! Il faut sauver les chevilles de leurs regards frustrés, hypocrites ! Il faut sauver, les chevilles. » Et pourtant, pourtant, sur ce rythme qui balance, Ses rêves boitent jusqu’à Bagdad.

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released December 18, 2014

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Kouzy Larsen Brussels, Belgium

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